Le concours Michel & Augustin

Je suis une très vilaine fille, incapable de rassasier mes lecteurs assoiffés d’articles croustillants. Et pourtant, tellement, tellement de choses à raconter, comme dans la vraie vie, réelle, impossible de la faire taire la Yolanda !

Plus sérieusement, tout à commencé il y a trois semaines environ, la nuit tombait et la vallée était paisible, sereine. Alors que j’essayais de me remettre d’un magnifique mariage (dont je vous parlerai prochainement), une charmante amie vint me taguer sur un article Facebook, de manière impromptue et brutale. Bienvenue en 2014.
Depuis trois ans, la marque Michel & Augustin propose à chaque rentrée de faire gagner à un ou plusieurs de ses consommateurs assidus (ou pas), une formation éclaire de CAP Pâtissier.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Michel & Augustin sont deux copains de lycée qui ont décidé d’unir leurs forces pour créer leur petite entreprise de biscuits à emporter, sous des airs de trublions complètement timbrés. Le succès relatif de leur marque réside en un marketing particulièrement bien calculé et maîtrisé, malgré des prix assez haut-de-gamme.

Étape 1 : La candidature
Suite à l’ouverture récente d’une « bananeraie » (QG de la marque) à Lyon, la marque proposait de faire remporter un CAP à Paris et deux à Lyon. C’est pour cette raison que j’ai choisi de participer, courageuse comme je suis, je n’aurais JAMAIS Ô Grand Dieu – candidaté pour Paris. Bah oui… je sais…oh !
Après une légère hésitation tout de même, j’accepte de RELEVER LE DÉFI ! Quelle fo-folle alors…

– je me sens concernée par le côté « totalement barré » de la marque
– je suis disponible en Octobre
– je suis passionnée par la confection de pâtisseries
– je candidate vite, vite !

– de toute façon… je serais pas prise !

Le but du jeu de cette première étape, envoyer une candidature sous la forme de notre choix, en répondant à des questions simples comme Pourquoi un CAP pâtisserie ? Qu’est ce qui me passionne dans la vie ? Quel serait mon projet professionnel ? Etc etc.
50 candidatures seront retenues à Paris et à Lyon.

Épuisée et très pressée par le temps, je choisi de ne pas trop me poser de question et de réaliser un petit CV Photoshop qui me ressemble vraiment, pour une fois qu’on peut se lâcher dans une candidature…
Vous pouvez la découvrir ici candidature Michel & Augustin. J’avais les yeux qui se croisent, vous me pardonnerez les fautes de frappes…

Deux jours plus tard, le vendredi à 11h07, les résultats tombent. Évidement, je fais partie de la sélection lyonnaise. Bah oui sinon ce serait pas drôle, ma vie serait tellement ennuyeuse calme.

Étape 2 : L’épreuve presque libre
Quelques minutes après l’annonce des résultats, l’excitation à son comble, je reçois par mail les instructions suivantes. Il s’agit de « recréer à notre façon » les petits carrés ou les petites baguettes Michel & Augustin, et de venir les présenter à Lyon le mercredi suivant.
Chute de tension immédiate.  Je comprends clairement la démarche « recherche et développement gratis » de la marque. Le sujet ne m’inspire pas, mais alors pas du tout !
Mais c’était sans compter mon adorable équipe de collègues et de copines qui étaient à l’inverse particulièrement inspirés et motivés pour moi.  S’en sont suivi des heures de brain storming pour comprendre le sens du sujet, et j’ai adoré chaque idée farfelue que l’on m’a proposé, toute l’effervescence générée par ces cerveaux qui s’échauffent… Mais comme toujours dans ces cas là, la seule vraie bonne idée doit venir de soi-même, et malgré toute attente, elle a fini par arriver… trois mois plus tard. Mais non rho.

Alors j’ai mis de côté l’idée de l’hamburger de macarons carrés, la conception de sablés 3D triangulaires-pyramidaux (…), les sablés goût fleur de surreau-orties ou encore l’utilisation d’un moule cercueil Han Solo (j’ai beaucoup de collègues informaticiens ce qui me permet de découvrir à la fois Han Solo et la commercialisation de moules carrément bizarres) – bien tentée tout de même, j’ai choisi de rester raisonnable !

Après avoir parcourue toute la Haute-Savoie à la recherche des fameux petits carrés, j’ai vite réalisé que leur recette était bête-comme-bonjour et que recréer un petit écolier n’avait rien de passionnant… mais je suis restée sur ma première idée, les sablés ! Que de folies je sais !
Je suis donc partie faire les courses dans un brouillard très épais – au sens figuré – en parcourant les allés j’ai l’impression d’être dans Top Chef avec mes feuilles blanches et mon panier quand soudain, la magie opère ! Mes sablés seront exotiques. Comme moi ;)

Les essais.
S’en suit un week-end intense de recherches puis d’essais, de re-essais, de hauts ouais je tiens un truc cool, puis de bas non c’est pas bon. C’est un exercice difficile d' »inventer » un concept à partir de goûts qui nous inspirent, mais c’est tellement cool de se casser la tête. À la fin du samedi je tiens ma première recette.

Composition du Sablé n°1 : Coco-Citron vert
Pâte sablée Coco
Gelée de Yuzu & Citron vert
Génoise citron
Crémeux coco
Glaçage chocolat noir

M&A (2)Ces photos sont extraites de la première fournée. Pour la version finale je choisi de retirer la génoise (couche verte), qui n’apporte rien de plus gustativement et de remplacer les éclats de meringues – au départ je voulais revisiter la Tarte au citron meringuée – tu vois le processus intense de réflexion – par de la noix de coco râpée, pour ne pas trop mélanger les saveurs – merci Top Chef.

M&A (3)

Le dimanche matin, je suis déprimée. C’est trop sucré, ça colle pas au sujet, si ça se trouve c’est même pas bon. J’ai envie d’abandonner, d’aller lire dans le jardin, de regarder Téléfoot. Inquiets, mes premiers goûteurs se manifestent – merci papa/maman pour se sacrifice au petit-déjeuner – et à la vue de leur mines réjouies… je deviens assez satisfaite du résultat, ce sablé fond dans la bouche, situé à la frontière du Rocher Coco, mais rattrapé de justesse par l’acidité du citron vert, puis le craquant du chocolat. Ou inversement proportionnel.
Visuellement, ça roule.
On demandera quand même au collègues, niveau objectivité, les parents, on a vu mieux !

La nuit ayant bien fait son travail de créativité, je me lance dans une nouvelle recette et quelques heures plus tard, je tiens ou presque, le sablé n°2.

Composition du sablé n°2 : Noix de Cajou – Caramel Gingembre
Pâte sablée amande
« flan » de noix de cajou caramélisées
Ganache chocolat noir – gingembre
Caramel Gingembre

M&A (1)Je me suis inspirée d’une recette de biscuits de noël donnée gracieusement par ma collègue Nathalie il y a deux ans, et j’ai développé tout ça dans des strates plus gourmandes les unes, que les autres. Les parents goûteurs semblent ravis, le caramel est à se rouler par terre, j’émets une réserve sur la consistance un peu lourde de l’ensemble.

photo 1

Lundi : collègues.
Après deux jours de cuisine intense, de roulage dans la farine et de confection en tout genre, c’est le retour au boulot et, attendu de pieds fermes, le test des collègues. Les premiers n’aiment ni le coco, ni le gingembre. S-U-P-E-R. Les seconds, les trouvent bons mais un peu trop épais. Le troisième dévore toute la boîte. Plutôt bon signe ? Pas certaine de son objectivité mais peu importe ;)
Je doute, et si je mettais de la poire ? plus de fruits ? des orties ? de l’anis ? Je suis à deux doigts de tout modifier, quand je réalise que non, une idée on s’y tient, on va jusqu’au bout et au pire, on l’améliore !
Le conseil à voté, j’essaierai une version finale plus fine et des noix de cajou caramélisées.

Concernant l’organisation, ce qui n’est franchement pas mon point fort, je ne dois pas oublier de préparer le « packaging » de mes gâteaux. Je choisi de reposer les fourneaux et de bricoler une jolie boîte – avec un faux plancher s’il-vous-plaît, autant ne pas faire les choses à moitié.

photo 2Mardi soir : La course à la montre
C’est parti mon kiki, ça mélange, ça pétri, ça enfourne par-ci, ça démoule par-là, ça se brûle, ça se pique, aïe, ouille. Fierté nationale, des petits carrés de pâte sablée super fine-de-la-mort-qui-tue. Tellement fine, que ça se brise plus vite que son ombre, heureusement il ne m’en faut que quatre.
Je ne suis pas très fan de la pâte sablée qui est relativement difficile à travailler mais à force de recherches, de patience et de pratique, je pense avoir trouver deux recettes presque parfaites, que je serais ravie de partager avec vous dans un autre article.
Dans un ultime effort je termine mes glaçages le soir même, partant du principe que les sablés – pour respecter le thème – doivent se conserver au minimum une journée.

M&A (4)Mercredi : jour J
Je me précipite dans le frigo histoire de vérifier si la nuit par je ne sais quel miracle n’a pas détruit mon dur labeur, et non, je suis plutôt contente du résultat. Je fabrique des caissettes en origami sur du papier sulfurisé – j’ai développé des supers-pouvoirs et en plaçant le tout dans la boîte, moment émotion.
TADAM !
C’est très beau. Enfin, je trouve. Et c’est bien le principal. Petite photo souvenir pour les collègues et zou, direction Lyon pour la suite de l’aventure.

photo 1photo 2photo 3

Étape 3 : L’entretien
L’ultime consigne de ce grand concours, consiste à se rendre à la Bananeraie de la Croix-Rousse à Lyon, entre 17h et 21h afin d’y présenter nos créations. Je débarque sur les coups de 19h, la boule au ventre je dois bien le reconnaître, j’ai l’impression que je vais passer un entretien d’embauche.
A peine franchis la porte que je me retrouve nez-à-nez avec les autres créations disposées au milieu de la boutique et que je fais marche arrière ! Les autres se sont lâchés, j’en étais sûre ! Tu vois Charlotte je te l’avais dit !
Mais l’accueil est très chaleureux, l’un me prend en photo avec mes gâteaux, l’autre m’interviewe avec son Iphone, le troisième me propose un verre d’eau, alors je reste.
J’observe de plus près les pâtisseries. Je suis d’abord impressionnée, des dômes en chocolat, des cages en caramel, des baguettes aux pralines, il y en a de toutes les couleurs et pour tout les goûts. Respect du thème, pas toujours le cas. Et puis j’y regarde de plus près… et puis je regarde ma boîte.
Respect du thème. Ligne de conduite. Jolie présentation. Touche d’humour.
Soudain, telle une maman épuisée, la fierté prend le dessus et je me mets à défendre de toutes mes forces mes petites créations, qui je trouve, ne déméritent pas et n’ont pas à fondre de honte ! Je vous laisse juger par vous même.

Michel (3) Michel (2) Michel (1)

Puis une jeune femme vient me chercher pour passer le fameux entretien. Rapidement je comprends les limites de ce concours « amateurs ». Plusieurs employés font passer les entretiens. On ne rencontre qu’une personne – pour ma part la stagiaire mouah ah. (La tu sens que t’as vieilli quand tu commences à plus faire confiance aux stagiaires). Ils ne goûtent pas devant nous. Je joue tout de même le jeu, présente mon projet professionnel, mes gâteaux, la fait rire, et tente d’y croire un peu.
Une heures plus tard, lessivée, je repars avec mes deux copines bras dessus, bras dessous et nos sacs de Marketing au bras.

Étape 4 : Les résultats
Les résultats tombent le lendemain à 17h02. J’y ai cru l’espace d’un instant parce que j’ai cru en mes gâteaux. Mais j’ai beaucoup moins cru en leur organisation et en leur système d’objectivité. Évidement, j’ai pas été choisie – tout ça pour ça ! Ils auront préféré une tarte mascarpone-banane (le carré blanc et jaune sur la photo du milieu) et des baguettes au sucre pétillant.
Je pense – sans être mauvaise joueuse, je vous jure – qu’ils ont choisi au hasard ou presque ! On ne leur en veut pas. Mais si vous voyez des sablés gingembre-cajou Michel & Augustin dans deux ans, vous penserez à moi :)

Étape 5 : La morale de l’histoire
Et bien c’était super. Je suis repartie avec de la crème au chocolat périmée gratos !
Plus sérieusement, j’aime le concept, même si on peut débattre sur le fondement de cette opération marketing, certains ont remporté une petite formation.
Mais ce que j’aime surtout, c’est d’avoir relevé le défi, merci Morgane de m’y avoir poussé.
Voir se développer le processus de créativité. Réfléchir. S’épuiser. Perdre un œil. S’étouffer. Y croire. Et plus que tout, même s’ils l’ignorent, l’émotion engendrée par mon Fan Club (oui,oui il existe, inscription gratuite). Ça peut paraître terriblement gnan-gnan-mais-je-m’-en-fiche, mais se sentir soutenue ça n’a pas de prix, les voir se creuser la tête, se révolter sans aucune objectivité ou me consoler (alors que je suis même pas triste) à l’annonce des résultats c’est trop mignon.
Ça me donne envie de continuer à faire des gâteaux, parce que les voir goûter c’est ce que je préfère. En faire un métier, je ne sais pas encore. Mais y’a un p’tit truc qui s’est produit durant cette expérience, ça c’est certain.

Et je m’excuse auprès de tout ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’en avoir une miette – je vous donnerai le nom du responsable en privé.

Un seul regret, ne pas avoir fait goûter mes pâtisseries à des professionnels critiques.

photo 3Mes Baby ! Je recherche activement une personne dans la région lyonnaise afin d’aller voler mon prototype.

photo 2Merci d’avoir lu jusqu’ici.
Moment émotion n°2.

12 réflexions sur “Le concours Michel & Augustin

  1. Armelle dit :

    Je me suis régalée de ton article… mais malheureusement pas de tes petits sablés exotiques ! beuhhheuuuhhh. Le prochain concours… je suis goûteuse professionnelle !

    • yolandabegood dit :

      J’ai très honte de ne pas t’avoir fait goûter, mais c’est pour ne pas que tu t’attaches trop à moi tu sais …
      Merci beaucoup pour ton soutien Armelle :) je me régale de tes commentaires et ça fait même pas grossir

  2. Pinkepsed dit :

    Je tombe sur ton blog et cet article au hasard… Eh bah franchement, ces deux recettes donnent ultra TROP envie ! Mention spéciale à celle aux noix de cajou, hmmm!

    Bonne continuation, pleine de gourmandise!

  3. Nathalie Madjar dit :

    J’adore ta candidature! J’adore ta personnalité ! Je t’adore! C’est toi la meilleure, et… Banane Mascarpone…Seriously? YolandaTheBest

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